Un après midi chez Lauzun

Ce samedi là, il faisait beau et les ors de l’hôtel de Lauzun brillaient de tous leurs feux dans le soleil rougeoyant de cette fin d’après-midi. Nous avons fait un beau voyage dans le temps, à cette époque où l’île Saint-Louis s’appelait encore l’île aux vaches et que monsieur Marie, celui-là même qui a laissé son nom au pont, n’avait pas encore loti l’espace.

L’hôtel de Lauzun raconte la vie des grands d’un monde d’il y a longtemps, ses décors fastueux rappellent le soin extrême que l’on prenait alors à s’entourer de belles choses. Plus tard dans l’après-midi, l’historien Lucien Maillard nous conta la vie des grands personnages qui vécurent là. Il fut question de Baudelaire et de son club de Hachichins installé sous les combles de l’hôtel de Lauzun, de Louis Aragon qui vivait non loin, des fêtes fameuses que donnait le baron de Redé en son hôtel Lambert, voisin de quelques mètres.

L’occasion aussi d’évoquer la mémoire du turbulent duc de Lauzun et celle de la Grande Mademoiselle. Souvenez-nous : Louis XIV, soucieux de préserver pour sa propre descendance les biens de la plus riche héritière de France, interdit le mariage de sa cousine avec Lauzun, après l’avoir pourtant accepté. Follement éprise du duc, la duchesse de Montpensier, dauphine d’Auvergne, comtesse d’Eu et de Mortain et princesse de Joinville et de Dombes, eut ces émouvante paroles, rappelées pour nous par Lucien Maillard : « Hélas ! Sire, qui se serait méfié de la parole de Votre Majesté ? (…) Je n’avais jamais rien aimé de ma vie  : j’aime et aime passionnément et de bonne foi le plus honnête homme du royaume. Je faisais mon plaisir et la joie de ma vie de son élévation. Je croyais passer ce qui m’en reste agréablement avec lui, à vous honorer, à vous aimer autant que lui. Vous me l’aviez donné, vous me l’ôtez, c’est m’arracher le coeur ».

Sous le règne du Roi Soleil, les affaires de coeur et de cour ne faisaient pas bon ménage…