Vendredi 1er décembre, Dior Héritage a ouvert ses portes à Mirabilibus… Une visite exceptionnelle partagée avec un petit groupe d’amateurs, envoutés par cet après-midi de découvertes rares…
C’est un lieu secret, gardé comme un coffre-fort, qui contient la mémoire de la maison Dior. Un espace blanc, ultra moderne, caché au fond d’une cour cossue de l’avenue Montaigne, à Paris, où une équipe de spécialistes en gants blancs déploie des trésors d’ingéniosité pour conserver dans les meilleures conditions possibles les vêtements, les chapeaux, les chaussures et les opulents bijoux fantaisies crées par Christian Dior.
« Nous oeuvrons à la conservation du patrimoine de la maison depuis une trentaine d’années, rappelle Soizic Pfaff, directrice de ce département, mais nous sommes installés ici depuis moins d’un an ». « Ici », c’est une manière de musée idéal où tout a été pensé dans les moindres détails pour que les objets ne s’altèrent pas. La température est réglée entre 18 et 20 degrés, la lumière et le taux d’humidité sont rigoureusement contrôlés et, c’est le plus étonnant, des contenants ont été spécialement imaginés pour abriter chacune des créations. Ainsi de ces housses pensées de façon à éviter tout contact avec le tissu du vêtement, toute tension (par exemple sur les bretelles d’une robe), tout plis qui, à terme, pourrait se transformer en déchirure. Les cintres, créés sur-mesure, sont rembourrés. Les foulards sont roulés dans des tubes de carton protégés d’un film afin que les couleurs et les motifs ne s’altèrent pas. Les boîtes à chapeau – immenses et rondes, comme il se doit – abritent les précieux couvre-chefs sans que ceux-ci ne s’affaissent ni ne se déforment. « Quant aux souliers, ils sont garnis d’embauchoirs en polyéthylène neutre, sculptés individuellement pour accueillir telle ou telle chaussure », explique Sylvain Carré, en charge de la conservation préventive, tout en soulevant le couvercle de l’écrin contenant les délicats escarpins d’appartement de la duchesse de Windsor, minuscules merveilles de velours grenat frappées à son chiffre.
Le plus fragile, le plus précieux, le plus rare est conservé dans une salle longue et étroite où s’alignent des compactors, ces armoires métalliques qui ressemblent à des coffres-forts.
A l’intérieur, de vastes cartons rigides abritent les vêtements les plus délicats : posés à plat, entourés de boudins de papier de soie neutre, ils se présentent comme au premier jour. Ainsi de cette robe bustier en tulle couleur bleu pétrole, au charmant noeud brodé de strass et de fils d’argent, initialement créée en noir par monsieur Dior et adaptée pour une client américaine qui s’habillait exclusivement en bleu !
C’est également dans cette pièce que sont conservées les archives de papier : Carnets de croquis réalisés de la main du maître, livres de commandes, descriptif des collections (« robe à danser », « ensemble rue » ou « robe restaurant » ! ), échantillons de tissus, propositions de couleurs (« gris Trianon », « rouge royal » …), les premiers communiqués de presse, les petits opuscules décrivant les colifichets que la maison se propose d’expédier « par avion » partout dans le monde.
« Nous sommes au milieu des années 1950 et Christian Dior a déjà tout compris du marketing, rappelle Soizic Pfaff en nous accueillant dans la chaleureuse bibliothèque de bois clair. Très vite, il a fondé des filiales, lancé des licences, il avait un sens innée des affaires – du reste son oncle, Lucien Dior, avait été ministre du commerce dans les années 1920 » -. Christian Dior était aussi un grand communicant. Ici, le texte d’une conférence donnée à la Sorbonne en aout 1956 devant un parterre d’étudiants étrangers, là, le petit livre Je suis couturier, paru dans la collection Mon métier (éditions du Conquistador, 1951) traduit en plusieurs langues… Voici encore ses incontournables mémoires où il raconte notamment son enfance à Granville et la complicité qui le liait à sa mère, un modèle d’élégance qui ne cessa de l’inspirer (Dior & moi, éditions Vuibert, 2011). Plus inattendu, un délicieux recueil de recettes superbement illustré par René Gruau : La cuisine cousu main (Editions Christian Dior, 1972). Brochette de coquilles Saint-Jacques, oeuf en gelée garni de caviar, gâteau Pompadour (au chocolat)…. Le magnifique testament gourmand d’un esthète complet.
Mylène Sultan
Crédit photos : Dior Héritage.
Cycle Dior organisé par Mirabilibus :
– Visite privée de l’exposition “Dior, couturier du rêve” au musée des Arts Décoratifs, 15 septembre 2017 et 17 novembre 2017.
– Visite privée “Dior Héritage, le musée secret de l’avenue Montaigne”, 1er décembre 2017
-Escapade à Granville, dans la maison de Christian Dior, printemps 2018. Informations et inscriptions : contact@mirabilibus.fr
Visite privée : “Dior Héritage, dans les coulisses du musée secret de l’avenue Montaigne”, 1er décembre 2017.
Pour plus d’informations : contact@mirabilibus.fr