Le 6 avril prochain, Mirabilibus vous ouvre les portes de la résidence ce l’ambassade de Grande-Bretagne. Une visite privée exceptionnelle suivie d’un teatime et d’une conférence.
Dès la first cup of tea, le ton est donné : sur la théière ventrue, sur l’indispensable pot à lait, sur la tasse de porcelaine fine … Une couronne est gravée, l’officielle, celle de Saint-Edouard, reconnaissable entre toutes avec ses deux arches surmontées d’une croix.
Nous sommes ici en territoire britannique et, dès que l’on entre dans
l’imposante demeure sise à deux pas du Palais de l’Elysée, cela se sent. Et, dès que
l’on part dans l’exploration des lieux, cela se sait. Car, après avoir pénétré dans le
Boudoir rose, admiré le magnifique escalier d’honneur à la rampe de fer forgé ornée
de soleil dorés, et longé la longue galerie vitrée qui ouvre sur le jardin, c’est une très
officielle salle du trône que l’on découvre. Tribune, fauteuil de velours, dais
d’apparat … Rien ne manque dans cette alcôve de brocatelle rouge pour rappeler les
attributs du pouvoir royal, et, personne, jamais, n’a eu l’outrecuidance d’utiliser
l’imposant siège. Il doit demeurer vide, il symbolise Sa très gracieuse Majesté et
autorise simplement à agir en son nom.
Pour un Français, cette pièce est sans doute la plus étonnante de la résidence où les ambassadeurs de Grande-Bretagne vivent depuis 1814, année où Pauline Borghèse vendit au duc de Wellington le superbe hôtel particulier qu’elle avait acquis au début du XIXème siècle. Les temps avaient changé : l’Empire était tombé, les Alliés avaient envahi Paris et la sœur de Napoléon, belle, ambitieuse, mariée par son frère au prince romain Camille Borghèse, avait dû fuir la capitale. Sa somptueuse demeure, d’abord réquisitionnée par l’empereur d’Autriche, fut vendue, avec tous ses meubles, conçus dans le goût sévère et magnifique de l’Empire. Pauline n’eut pas le temps de dire adieu à ces lieux où elle menait grand train, mais elle a laissé son empreinte, qui flotte dans chaque pièce : dès le vestibule, avec ce
marbre d’Antonio Canova, qui la figure en Venus Victrix ; dans l’imposant lit surmonté de l’aigle napoléonien où elle dormait, dans cette psyché enrichie d’ornements d’abeilles dorées dans laquelle elle se contemplait ; et, même dans cette délicate coupe de vermeil protégée par une cloche de verre, moulée, dit-on sur ses seins menus.
La surprise dans cette enfilade de salons plus précieux les uns que les autres c’est que l’on peut… fouler les riches tapis, s’assoir sur les chaises recouvertes de soie et parler à voix haute, sans se sentir obligée de murmurer ! Non, la Résidence n’est pas un musée, ces pièces vivent !
Au rythme des innombrables réceptions données par Sir Edward Llewelly. Petits-déjeuners, lunchs, cocktails de bienvenue, lancements prestigieux, accueil d’hôtes de marque ou rendez-vous politiques… La Résidence de l’ambassadeur de Grande-Bretagne, mitoyenne de la Chancellerie, est une ruche où s’activent valets de chambre, maîtres d’hôtel, cuisiniers, jardiniers et fleuriste. Le chef -qui ne pipe pas un mot d’anglais mais aligne quarante années de maison – travaille aussi bien le tournedos Rossini que le fish and chips, et, lors des dîners officiels, tout – de l’amuse-bouche aux mignardises – sort de son office installé à l’arrière du bâtiment. Les grands jours, c’est dans la salle à manger d’apparat que se régalent les heureux convives, autour de la longue table, somptueusement parée d’un surtout Empire et de l’argenterie acquise par l’Ambassade en 1825.
Ben Newick, le marjordome – british pur jus et parisien depuis plus de trente ans -, se souvient des repas fastueux offerts lors de la visite de la Reine, en 1992, des dîners de Noël enguirlandés de blanc, des anniversaires de personnalités célébrés ici … Et, tout cela à l’ombre de Pauline. La sœur préférée de l’ennemi juré des Britanniques… Sacrée ironie du sort !
Mylène Sultan.
Mirabilibus organise une visite privée de la résidence de l’ambassade de Grande-
Bretagne à Paris le 6 avril 2018 à 14h45. Suivie d’un teatime et d’une conférence sur
les grands personnages qui vécurent en ces lieux.
Informations et inscriptions : contact@mirabilibus.fr.
A lire : La Résidence de l’ambassadeur de Grande-Bretagne à Paris, Tim Know,
photographies de Francis Hammond, Flammarion, 50 euros. (Photos reproduites ici avec l’aimable autorisation des éditons Flammarion).